Dans une récente interview accordée à l’AFP, Dominique Faure, ministre déléguée chargée des Collectivités, et David Lisnard, président de l’AMF (Association des Maires de France), ont mis en avant leur intention de lancer une consultation des maires pour faire face à une situation préoccupante : la « crise des vocations » qui se manifeste par une démission croissante des élus locaux. En effet, le rythme des démissions a doublé par rapport aux décennies précédentes, créant une inquiétude quant à la viabilité et à la pérennité de l’engagement des maires dans leurs mandats.
Chaque année, l’AMF réalise une enquête auprès des maires, en collaboration avec le Centre de recherches de Sciences Po (Cevipof). Toutefois, l’enquête de cette année se veut plus ambitieuse, visant à approfondir l’analyse des conditions d’exercice des mandats locaux et à proposer des solutions concrètes. Les premiers résultats de cette vaste enquête seront présentés en septembre prochain, avec l’objectif de mieux comprendre et identifier les problématiques auxquelles sont confrontés les élus locaux.
Parmi les principales causes de découragement et de démission des maires, un motif émerge nettement : la complexité bureaucratique et administrative. Les maires se retrouvent confrontés à des lenteurs administratives, des injonctions contradictoires et des contraintes financières qui entravent leur capacité à agir efficacement et à prendre des décisions éclairées. Cette problématique a été confirmée par les études menées par le Cevipof, soulignant ainsi l’urgence d’agir pour alléger les contraintes administratives et soutenir les maires dans leurs missions.
Pour pallier cette situation, Dominique Faure prévoit d’organiser, début octobre, une « convention nationale de la démocratie locale ». Cette convention réunira élus et scientifiques, et permettra de recueillir leurs avis et leurs propositions sur la question. Une autre initiative qui sera prise en compte dans cette démarche est celle du centre de lutte contre les violences faites aux élus, créé en mai, qui viendra également alimenter les réflexions.
Les mesures envisagées pour soutenir les élus locaux sont variées. Parmi elles, figure l’établissement d’un statut de l’élu local, fournissant des directives claires en matière d’indemnisation et de protection sociale. Une telle initiative est réclamée depuis longtemps par les élus, qui souhaitent un statut équivalent à celui du fonctionnaire pour mieux encadrer leurs activités.
La simplification des procédures de demande de financement est également envisagée, avec l’idée de mettre en place un dossier unique pour faciliter l’accès des petites communes aux fonds publics. Cette mesure vise à réduire les lourdeurs administratives et à encourager les initiatives locales.
La question de la revalorisation des indemnités des élus est également à l’étude. Cette mesure est particulièrement importante pour les élus des petites communes, qui sont souvent confrontés à des déséquilibres financiers et qui ont besoin d’un soutien accru pour remplir leurs responsabilités dans des conditions équitables.
En parallèle, un rapport sénatorial publié en juillet 2023 a apporté des éclairages sur la situation des maires élus en 2020. Ce rapport, intitulé « Avis de tempête sur la démocratie locale : soignons le mal des maires« , révèle que plus de 1 000 maires ont démissionné à mi-mandat, soit près de 3 % des maires élus en 2020. Les principaux facteurs de démotivation cités par les élus consultés sont la complexité normative, la charge des réunions et l’insuffisance des moyens financiers. Ces éléments viennent renforcer l’importance des mesures envisagées par la ministre déléguée et l’AMF pour soutenir les élus locaux et préserver la vitalité de la démocratie locale.
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