La révolution d'une chapelle : du culte au cabaret, un exemple audacieux de préservation patrimoniale

La révolution d’une chapelle : du culte au cabaret, un exemple audacieux de préservation patrimoniale

Au sein d’un village du Béarn, une chapelle datant du XIe siècle a été transformée en cabaret pour éviter sa détérioration, un sort qui menace 5 000 édifices selon l’Observatoire du patrimoine religieux.

Un rapport sénatorial préconise d’ouvrir ces bâtiments à de nouveaux usages afin de financer leur restauration, car ils représentent un « bien commun » d’une « dimension fédératrice ».

La commune de Laàs, située au sud d’Orthez, a déjà pris des mesures en transformant la chapelle en cabaret et prévoit également d’aménager un « escape game » dans son église. Le maire, Jacques Pédehontaà, souligne l’importance de préserver ce patrimoine pour les générations futures, plutôt que de le vendre.

Après avoir été désacralisée puis abandonnée pendant des décennies, la chapelle Saint-Barthélémy a été restaurée par plus de 2 000 jeunes filles scoutes lors de camps d’été. Elle abrite désormais le cabaret « La fourmi rouge » en hommage à leur travail.

L’église de Laàs, construite pour pallier le manque de place dans la chapelle, était également menacée de ruine. Le conseil municipal a alors envisagé d’aménager la chapelle en salle de spectacles et de créer un « escape game » dans l’église fonctionnelle.

En partenariat avec le conseil paroissial et le curé de Laàs, les élus se sont rapprochés de Luc Bonin, créateur d’un « escape-church » temporaire dans la cathédrale Saint-Seurin de Bordeaux. Le scénario du jeu, tiré de la Bible, a été validé par Mgr Aillet, évêque de Bayonne.

Grâce à un budget de 1,4 million d’euros, provenant notamment de subventions du Département, de la Région et de l’État, les deux bâtiments religieux ont été rénovés. L’église abrite désormais l’escape game et un spectacle son et lumière sur l’histoire de la commune, dont une partie est autofinancée à hauteur de 400 000 euros. La transformation de l’église devrait être achevée en 2024. Malgré quelques protestations locales dénonçant une « profanation » du lieu, le cabaret fonctionne depuis mars dans la chapelle.

Myriam Delcroix, directrice du cabaret et à la tête d’une troupe de spectacle itinérant depuis 2015, considère que Laàs est un précurseur et espère que d’autres petites communes s’inspireront de la réutilisation des lieux de culte.

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