Un point sur l’opération Wuambushu et l’évacuation des bidonvilles à Mayotte

Opération Wuambushu : un point sur l’opération en cours à Mayotte (976)

L'opération Wuambushu, planifiée depuis des mois, a commencé par un revers juridique. Le tribunal de Mamoudzou a effet décidé de suspendre en urgence le projet d'évacuation d'un bidonville de Mayotte, le mardi 25 avril, dans le cadre de cette opération de lutte contre la délinquance et l'insalubrité engagée dans le département français de l'océan Indien.

L’opération Wuambushu, planifiée depuis des mois, a commencé par un revers juridique. Le tribunal de Mamoudzou a effet décidé de suspendre en urgence le projet d’évacuation d’un bidonville de Mayotte, le mardi 25 avril, dans le cadre de cette opération de lutte contre la délinquance et l’insalubrité engagée dans le département français de l’océan Indien.

L’évacuation du bidonville « Talus 2″ à Koungou près de Mamoudzou devait initialement débuter à 6 heures locales ce mardi. Mais le juge a décidé dans la nuit, selon l’arrêt du tribunal judiciaire de Mamoudzou, qu' »il y a eu une agression liée aux conditions de l’expulsion », jugée « anormale » par les opposants à celle-ci et « mettant en péril la sécurité des résidents ».

En réponse, Thierry Suquet, préfet de Mayotte a confirmé « comprendre la décision du tribunal judiciaire de Mamoudzou » et « a demandé aux avocats de l’Etat d’entamer un appel ».

Quelque 1 800 policiers ont été déployés et le préfet de Mayotte a déclaré, « que la France ne cessera pas de lutter contre la délinquance et l’insalubrité ».

Baptisée « Opération Wuambushu » ce qui signifie « reprise » en mahorais

Dans une opération baptisée « Wuambushu » signifiant « reprise » en mahorais, la France prévoit d’expulser les migrants en situation irrégulière des bidonvilles de Mayotte, et d’expulser les migrants sans papiers, principalement de nationalité Comorienne vers Anjouan, l’île la plus proche des Comores.

Mais lundi, les Comores ont refusé de laisser accoster le bateau transportant une soixantaine de personnes. Moroni (capitale des Comores) considère Mayotte comme faisant partie intégrante de son territoire et la revendique. « Mon gouvernement a clairement indiqué qu’il n’accepterait pas l’expulsion », a déclaré samedi le ministre de l’Intérieur Fakridine Mahmoud. Le représentant du gouvernement français a dit espérer « reprendre rapidement » la rotation des navires vers l’île comorienne d’Anjouan.

D’une part, deux des députés du département, Estelle Youssouffa (Liot) et Mansour Kamardine (LR), ont exprimé leur « soutien » à l’opération controversée, qui est la première à voir « des foyers d’insécurité et de violence abritant les trafiquants et les gangs ».

D’autre part, l’association Droit au Logement (DAL) a appelé dimanche à l’arrêt de cette campagne « brutale » et « anti-pauvreté », tandis que le collectif Unis contre l’immigration jetable, qui regroupe 400 associations et syndicats craint « des violences et atteintes au droit ».

De nombreux migrants africains, notamment comoriens, tentent chaque année de rejoindre illégalement Mayotte. Ces traversées périlleuses prennent souvent une tournure dramatique avec le naufrage de petit bateau de pêche à moteur, nommé « kwassa-kwassa ».

Mayotte, géographiquement intégrée à l’archipel comorien, a été séparée des Comores en 1974 à la suite d’un référendum au cours duquel les trois autres îles ont opté pour l’indépendance. Il est devenu un département de la France en 2011, et les Comores refusent toujours d’y reconnaître la souveraineté française.  En 2019, Moroni s’était engagé à « coopérer » avec Paris sur l’immigration en échange pendant trois ans de 150 millions d’euros d’aide au développement.

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