La Charente-Maritime a mis en œuvre une initiative louable en offrant une bourse aux étudiants en troisième année de travail social. En échange de cette bourse, les étudiants s’engagent à exercer au sein du département pendant une période de deux ans. Cependant, malgré cette initiative positive, son succès demeure mitigé.
Les métiers du social souffrent généralement d’un manque d’attractivité et de difficultés de recrutement bien connus. Pourtant, en Charente-Maritime, ces problèmes semblent en partie atténués. Elisabeth Layec, responsable adjointe de service au sein de la direction des ressources humaines, témoigne que les niveaux de recrutement restent acceptables au conseil départemental, avec peu de postes vacants. Les effectifs des services d’action sociale et de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) comptent 291 assistants socio-éducatifs sur un total de 3417 agents, avec environ 30 recrutements par an.
Malgré ces observations positives, les difficultés de pourvoir les postes sont bien présentes, surtout dans le sud du territoire. Emilie Copin, conseillère technique de l’action sociale, se souvient que la présidente élue a été interpellée par les principaux employeurs du secteur de l’action sociale. En interne, les équipes soulèvent leurs difficultés : lorsqu’un poste est vacant, ce n’est pas l’exécution des missions qui pose problème, mais plutôt le remplacement du collègue absent. De plus, les services constatent que les stagiaires accueillis disposent de moyens de subsistance limités. C’est ainsi qu’est née l’idée de créer une bourse pour les futurs assistants de service social et éducateurs spécialisés.
Adoptée en juin 2022, la bourse a été mise en place dès la rentrée de la même année, visant principalement les étudiants de l’Institut régional du travail social (IRTS) de Poitiers, ainsi que ceux de Talence et de Bordeaux. D’une valeur de 5 000 euros, elle s’étend sur dix mois et peut être intégrée en cours d’année. Cette bourse est cumulable avec la gratification de stage. Les bénéficiaires sont contraints d’effectuer leur stage de troisième année au sein des services départementaux et de s’engager à y travailler pendant deux ans.
Cependant, le bilan actuel est plutôt mitigé. Sur les dix bourses prévues, seulement deux ont été attribuées. Elisabeth Layec constate que l’engagement est un frein pour ces jeunes étudiants. De plus, les éducateurs spécialisés, très recherchés, trouvent des postes dès la fin de la deuxième année, tandis que les assistants sociaux préfèrent parfois faire face à un an d’incertitude plutôt que de s’engager pour deux ans.
Les deux bénéficiaires de la bourse ont obtenu leur diplôme. L’une d’entre elles, devenue assistante sociale, a été intégrée à un poste vacant de l’ASE à Jonzac, dans le sud du département. Une expérience réussie qui permet une meilleure familiarisation avec les rouages internes avant même le recrutement. Bien que la bourse soit mieux connue désormais, les candidatures restent encore rares. Le conseil départemental maintient la bourse en attendant davantage de recul pour d’éventuels ajustements. Cette initiative, précisée par Emilie Copin, ne constitue qu’un des axes de travail pour renforcer l’attractivité des métiers sociaux. Malgré les défis, la recherche d’amélioration dans le secteur des professions humaines se poursuit, tout en prenant en compte le relatif échec de cette bourse.